Le recrutement…
A 18 ans, son BAC scientifique en poche, Alicia se rend en Centre d’information de recrutement des forces armées (CIRFA) pour se renseigner sur la spécialité de maître-chien. Rapidement, son conseiller lui fait découvrir de nouvelles possibilités. Parmi celles-ci, le métier de pilote d’hélicoptère de combat retient son attention :
« Je n’avais aucune expérience aéronautique. Je n’étais même jamais montée dans un avion… Mais je m’étais renseignée, j’avais regardé des documentaires, discuté avec des militaires. Mon expérience comme réserviste m’a aussi permis de me rassurer avant de me lancer dans ce projet. »
Avant tout, elle a passé les tests au centre de sélection et d’orientation (CSO) : le sport, les tests psychotechniques, un test de personnalité, de l’anglais et un entretien de motivation. Une fois validés, elle a pu accéder à l’antenne de sélection ALAT (aviation légère de l’armée de Terre) basée à Vincennes. Là , elle a dû passer l’épreuve du simulateur :
« C’est une sorte de jeu vidéo où l’on a une commande dans chaque main et aux pieds. Le but est de déterminer notre niveau de coordination et de dissociation de l’attention mais aussi notre capacité à progresser. Sur les quatre candidats présents, nous avons été deux à être sélectionnés pour le deuxième jour. Les trois autres candidats avaient tous une expérience du vol, cela a pu leur donner de mauvaises habitudes dans le simulateur et impacter leur marge de progrès. »
Finalement, elle réussit les deux jours de simulateur, passe les tests et les entretiens avec succès et reçoit l’agrément technique. Ultime étape avant l’engagement : passer la visite médicale à Percy. L’aptitude médicale validée, Alicia peut officiellement signer son contrat qui lui permettra de commencer sa formation.
La formation…
Saint-Cyr Coëtquidan : formation initiale d’officier d’une durée de quatre mois. Alicia s’intègre aisément à sa promotion parmi neuf autres OSC/P :
« En tant que femme, il faut trouver sa place. On est davantage observées parce qu’on est moins, donc plus visibles. Mais je n’ai pas eu de soucis à m’intégrer. J’avais acquis des connaissances militaires grâce à la réserve et j’ai pu en faire profiter ceux qui découvraient tout à Saint-Cyr. Cela m’a aidée à trouver ma place plus facilement. »
Les galons d’aspirant sur les épaules, elle part ensuite à Dax pour la formation initiale de pilotage. Les six premiers mois sont dédiés à la théorie. A l’issue, les élèves passent à la pratique qui dure environ un an. La formation est sanctionnée par un brevet civil : le Commercial Pilot Licence Helicopter.
« C’était difficile pour moi parce que je n’avais aucun bagage aéronautique. J’ai trouvé cela vraiment dense. On volait tous les jours et on était évalués quotidiennement. Il fallait être bon tout le temps. »
Après Dax, les élèves poursuivent leur formation à la base-école du Cannet des Maures. Là , ils obtiendront leur brevet de pilotage militaire et pourront enfin voler sur un hélicoptère de combat. Malgré une spécialité majoritairement masculine, elle souligne une bonne entente entre les hommes et les femmes :
« Cela n’a jamais posé de problèmes aux pilotes masculins de voler avec des pilotes femmes. Je pense que l’on est complémentaires »
Pour la suite…
Le lieutenant Alicia est parti en exercice au Liban et a été déployé à Djibouti à deux reprise en 2019 et 2021 pour quatre mois. La vie au régiment est rythmée par le vol, mais pas seulement :
« On peut voler tous les jours puis rester clouer au sol une semaine lorsque la météo se dégrade. Le vol prend une bonne partie de la journée entre la préparation, la révision des fondamentaux et les débriefings. Lorsqu’on ne vole pas, il faut assurer les missions annexes du régiment ! »
Pour l’avenir, elle ne se voit pas faire autre chose. Elle a signé un contrat de 10 ans et souhaite le renouveler. En revenant sur son parcours, elle explique : « Cette carrière me semblait complètement inaccessible au vu de mon parcours, mais finalement j’ai réussi. Si j’y suis arrivée, alors tout le monde le peut. »