Général, pouvez-vous nous expliquer quels sont les objectifs et enjeux principaux de la formation au sein de l’armée de Terre dans le contexte actuel?
L’objectif est de former des cadres qui arriveront en régiment aptes à assumer leurs responsabilités de chef au quartier, en préparation opérationnelle comme en mission. La formation doit à la fois prendre en compte le durcissement des conflits et les évolutions technologiques, à travers une préparation intellectuelle, physique, tactique et technique, psychologique et morale, et la nécessité de donner confiance au jeune cadre. Elle doit faire naître des chefs qui commandent, qui instruisent et qui combattent, mais aussi qui fidélisent. Cette exigence doit aussi prendre en compte l’augmentation des flux liés à la manœuvre des effectifs qu’impliquent la LPM 24-30 (redéploiement ou création de postes, repyramidage, réorganisation en interne des formations d’emploi...),le passage au modèle « de combat » ainsi que l’intensification des partenariats internationaux.
Comment la formation de s’inscrit-elle dans la transformation en un modèle d’armée de Terre de combat ? Comment contribue-t-elle à l’atteinte des objectifs de cette transformation d’ampleur ?
Le regroupement des écoles sous un même grand commandement, la DRHAT, permet d’améliorer la cohérence entre le recrutement, la formation et les parcours, tout en étant attentifs à conserver la cohérence formation/emploi, donc le lien avec les unités opérationnelles : qu’elles soient dans les forces terrestres (FT) ou à la structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (SIMMT), elles restent au centre de l’expression du besoin en formation. Le style de formation doit diffuser le style de commandement imprimé par le CEMAT dans toute l’armée de Terre, et mettre l’accent sur la nécessité de former des cadres instructeurs et « fidélisateurs ». Instructeurs car la formation sera dynamisée, entre la formation initiale, celle de spécialité mais aussi la formation continue délivrée en régiment. Fidélisateurs car armés pour mieux instruire et mieux encadrer. Les écoles enfin participent grandement à la manœuvre générale d’influence, avec la formation de stagiaires étrangers, dont le nombre va augmenter, ou les actions de partenariat militaire opérationnel.
Comment abordez-vous personnellement votre mission dans ce contexte, et comment voyez-vous l’avenir en la matière ?
Mon expérience de deux années de commandant les écoles militaires de Saumur et l’école de cavalerie me semble très utile et pertinente pour accompagner ce changement de subordination et projeter le système de formation de l’armée de Terre vers l’avenir. Il réside en effet dans la libération des énergies, en particulier en permettant aux commandants d’école d’oxygéner les formations. A partir d’un objectif de compétences fixé avec le futur employeur, le commandant d’école, souvent aussi directeur d’arme et donc responsable de la cohérence de son arme, est aussi responsable de la conception et de l’exécution de la formation, dans un style de commandement et avec une enveloppe-temps définis, en s’appuyant sur des catalogues de cours dans lesquels il peut puiser en fonction de la population qu’il a à former.