Dans quelles circonstances avez-vous rejoint l’armée de Terre ?
Je souhaitais avant toute chose servir mon pays. Je ne suis pas issu d’une famille de militaires telle qu’on l’entend. Si mon grand-père et mes grands oncles ont servi en tant que légionnaires pour devenir Français, il n’y a pas eu de militaires dans la génération qui me précède. J’ai été marqué dans mon enfance par le contexte des premières opérations extérieures faisant l’objet d’une forte couverture médiatique : la guerre du Golfe mais aussi les sanglants conflits interethniques au Rwanda et en ex-Yougoslavie…
La ferme conviction de vouloir agir pour un monde meilleur, plus sûr, dans le contexte de la professionnalisation des Armées, m’a poussé à signer un contrat de Volontaire de l’armée de Terre (VDAT) au 93e régiment d’artillerie de montagne (93e RAM) en 2002.
Pensiez-vous atteindre un tel niveau de responsabilité lorsque vous vous êtes engagé ?
Non ! Si l’Histoire rappelle l’existence d’une culture de la méritocratie dans les armées françaises, je restais modeste dans mes ambitions !
J’étais titulaire d’un baccalauréat et je m’étais renseigné sur les opportunités offertes par l’armée de Terre au centre d’information et de recrutement de l’armée de Terre ; on m’avait annoncé que si les choses se passaient bien, je pourrais probablement prétendre à devenir sous-officier. Mais je n’avais jamais entendu parler d’un autre recrutement officier que celui de l’École Spéciale Militaire… Ni même envisagé qu’un ancien « gamin des cités » se verrait offrir ce genre d’opportunité.
Quand et comment avez-vous identifié les opportunités qui vous étaient offertes ? Quel a été votre moteur ?
J’ai eu la chance de bénéficier de chefs qui m’ont guidé et conseillé dans mon parcours. Je me suis vu proposer dès la fin de l’hiver 2003, un nouveau contrat pour rejoindre l’ENSOA. En 2006, chef de char Leclerc au 6-12e régiment de cuirassiers, je suis encouragé à m’inscrire au concours de l’École Militaire Interarmes (EMIA). J’intègre la formation en 2008. À ma sortie de scolarité en 2010, je rejoins de nouveau les troupes de montagne et sers au sein du 7e bataillon de chasseurs alpins. Mes différents chefs me recommanderont fortement de présenter le concours de l’École de Guerre, que j’intégrerai à l’été 2022…
Au-delà , mon principal moteur a très probablement été la détermination. Chacun de ces différents concours peut être perçu comme la fosse d’un parcours d’obstacles. Il ne faut pas craindre de s’y mesurer, ni jeter l’éponge face à un premier échec.
Quel poste occupez-vous aujourd’hui ? En quoi cela consiste ?
Je sers au centre de conduite de l’état-major opérationnel Terre à Lille. Je commande l’une des sections en charge de coordonner la projection des militaires de l’armée de Terre à l’étranger, qu’il s’agisse d’opérations extérieures, de missions de courte durée ou de partenariats opérationnels.
Où vous vo yez vous dans dix ans ?
Chef d’état-major de brigade, attaché de défense en Europe du Nord, chef d’état-major en opération, officier de liaison dans le cadre d’accords bilatéraux, porte-parole de l’EMA ? Les possibilités sont nombreuses. J’espère avant tout avoir la chance de retrouver le contact de ce qui fait la force de notre armée de Terre, sa troupe.
Selon vous, quelles qualités font la différence pour réussir dans l’armée de Terre ?
La volonté, qui implique le refus du renoncement facile ; la curiosité, nécessaire pour ne pas sombrer dans un certain conformisme ; un grand sens de la cohésion, toute carrière militaire étant avant tout l’histoire d’une communauté d’hommes et de femmes ; et enfin l’introspection, impliquant une forme d’humilité, me semblent être les qualités et les capacités essentielles.
Quels conseil donneriez-vous aux jeunes Français qui hésitent quant à leur avenir professionnel et personnel ?
L’armée de Terre est une institution méritocratique, où les opportunités sont nombreuses. Son « escalier social » a permis à un ancien « gamin des cités » de se préparer, après presque vingt ans de carrière à suivre une scolarité lui permettant d’intégrer à terme le haut encadrement. Ce parcours est à la portée de toutes celles et ceux qui n’ont pas peur de se remettre en question, qui ont le goût du défi et qui feront preuve de la détermination nécessaire pour vaincre l’obstacle.