Intégrée au sein des écoles militaires de Saumur (EMS) depuis sa création en 2002, l’ERAT forme les cadres et militaires du rang de l'armée de Terre aux deux métiers du renseignement que sont l’exploitation et la recherche. Pour ce qui est de la recherche, elle reste sur les segments élémentaires de la recherche humaine et du renseignement de sources ouvertes destinés aux unités non-spécialisées. Rencontre avec son commandant, le colonel Bertrand Guillotel.
Colonel, pourriez-vous nous présenter l’école du renseignement de l’armée de Terre ainsi que ses ambitions ?
L’ERAT est une jeune école, créée en 2002 sous le nom de centre d’enseignement et d’études du renseignement de l’armée de Terre (CEERAT) qui prend son nom actuel en 2018. Lieu de convergence du personnel des forces terrestres, qu’ils soient spécialisés ou non, recherchant des compétences en renseignement, l’ERAT est devenue le véritable creuset de la formation dans ce domaine. Elle porte l’ambition de diffuser très largement la culture du renseignement au sein de toute l’armée de Terre.
Elle forme aujourd’hui près de 1 000 stagiaires par année académique : exploitants du renseignement, lieutenants qui font le choix d’une unité capteurs (appartenant au CAPR* ou au CAST**), futurs commandants d’unité et chefs de corps du domaine « renseignement » (RGE), personnel de la chaîne du renseignement, ils sont nombreux à passer par l’ERAT. L’école forme également les capteurs des forces terrestres non spécialisés aux techniques de recherche élémentaire : recherche humaine élémentaire et intermédiaire, recherche numérique élémentaire et prise de photos dans un cadre opérationnel.
L’ERAT porte une attention toute particulière à la formation des analystes de l’armée de Terre, qui ont la responsabilité de rendre intelligible et exploitable le renseignement. C’est pourquoi, outre la création des formations de cursus pour les sous-officiers et militaires du rang, elle a intégré dans sa division d’application un cours « exploitation » qui accueille les lieutenants de cette filière, pour une durée de quatre mois à près d’un an, suivant leur statut.
L’ERAT se distingue également par une pédagogie qui se veut pragmatique, faisant la part belle aux exercices et mises en situation pour stimuler intellectuellement nos stagiaires, formés à recueillir ou à analyser en situation d’inconfort et de fatigue. Elle donne la priorité à la connaissance d’un ennemi réaliste, inspirée directement de l’évolution du contexte géostratégique. Elle encourage aussi à l’utilisation systématique des bases de données, quel que soit le contexte d’engagement, et à la maîtrise de l’info-valorisation. Elle s’appuie pour cela sur des outils de simulation de plus en plus performants. Demain, elle ambitionne d’intégrer dans ses formations l’utilisation maîtrisée de l’IA.
*CAPR : commandement des actions dans la profondeur et du renseignement
**CAST : Commandement des actions spéciales Terre.