La blessure, c’est-à -dire l’épreuve, et plus largement l’apprentissage de la vulnérabilité, font partie intégrante de la vie personnelle et de la carrière militaire.
Comme le dit le code d’honneur du soldat : « Au combat, je n’abandonne ni mon arme, ni mes camarades morts ou blessés ». À la place « d’Au combat », je rajouterais « En tout temps et tout lieux ».
Alors que l’armée de Terre travaille à recruter et à fidéliser son personnel, le témoignage de la capitaine Isabelle insiste sur la nécessité de voir la reconstruction, par le sport ou par d’autres briques, d’abord comme une opportunité de réintégrer un camarade et ses compétences, parfois dans un emploi différent.
Les vœux qu’elle formule (continuer à servir dans les armées ; reconnaissance institutionnelle et nationale) constituent les enjeux majeurs du dispositif que l’armée de Terre a mis en place et qui a fortement contribué à la structuration du plan d’accompagnement ministériel blessés, annoncé en mai 2023. Pourtant, la réintégration et la reconnaissance dépendent d’abord et avant tout d’une posture de chacun d’entre nous, au quotidien, pour progressivement sortir nos camarades de la fosse dans laquelle ils ont été précipités. C’est une discipline personnelle et collective que nous gagnerions à adopter, si ce n’est déjà fait, et qui renvoie au fondement de notre engagement, sur le long terme et dans la discrétion, sans attente en retour : la camaraderie.
Général de brigade Arnaud DUPUY de la GRAND’RIVE
Officier général en charge des blessés de l’armée de Terre
Après une acclimatation dans le désert dans des conditions climatiques pour le moins inhospitalières, le capitaine Isabelle a passé plusieurs jours en bivouac dans les montagnes Rocheuses.
Par son témoignage, elle encourage ses camarades blessés à participer à ces activités organisées à leur profit, pour se reconstruire malgré tout.
« C’est un camarade qui m’a parlé des Invictus Games, puis j’ai découvert que la Fondation du Prince Harry organisait également des « aventures ». Moi qui ne suis pas très « compèt », cela me correspondait mieux. J’ai donc postulé pour partir dans le Colorado, à l’assaut d’un sommet à 4000 m d’altitude. Nous étions 10 blessés internationaux (Italie, Canada, Grande-Bretagne, Pays-Bas, États-Unis et France), encadrés par une équipe du Royaume-Uni.
J’ai un SPT suite à l’Afghanistan, et je me bats depuis plusieurs années maintenant pour continuer à vivre et pour apprendre à gérer les difficultés que je rencontre. De nombreux acteurs – en lien avec notre institution - m’aident : CNSD*, CSINI*, HIA*, mais aussi des associations d’entraide civiles. Grâce à eux, j’ai pu rester en activité et poursuivre un parcours exaltant au sein de l’armée de Terre. Mes chefs m’encouragent également à persévérer, sans doute parce que ma démarche est d’aller de l’avant ! Grâce à la Fondation Invictus, j’ai pu atteindre un nouvel objectif de vie, à la fois physique mais aussi social et émotionnel.
Si je me plie aujourd’hui à l’exercice difficile de la communication, c’est pour faire passer un message : le SPT n’empêche pas forcément de continuer à servir notre armée, même s’il faut parfois le faire de manière différente. À nos chefs, je voudrais dire que même si de nombreux soldats sont touchés par le SPT, cela ne fait pas d’eux des « faibles » mais au contraire des personnes humaines, sensibles et aptes à aider les autres à se préparer à un engagement de haute intensité.
Aux États-Unis, le sentiment patriotique est fort et toute la population remercie ses militaires en disant « thank you for your service ». Cette reconnaissance m’a touchée, car j’ai donné 10 ans de ma vie à lutter contre le SPT en plus de mes missions au quotidien, là je recevais en retour un remerciement pour mon engagement. Venant du monde civil, cette reconnaissance est venue compléter celle que j’ai reçu de l’armée, en plus de la médaille des blessés.
Enfin, si j’avais un vœu à formuler, ce serait de faire connaître les blessés de nos armées au-delà du cercle militaire, pour que la Nation soutienne les soldats d’aujourd’hui comme elle soutenait les anciens combattants hier. »
Témoignage du Capitaine Isabelle
* Syndrome post traumatique (SPT)
* CNSD : centre national des sports de la Défense
* CSINI : Cercle Sportif de l'Institution Nationale des Invalides
* HIA : hôpital interarmées
NB : la CABAT accompagne les blessés en congé longue maladie et longue durée maladie mais également si nécessaire les blessés en congé maladie ordinaire et surtout ceux en congé du blessé qui sont encore en position d’activité. En revanche, elle n’accompagne normalement plus les blessés radiés des contrôles.
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